Mardi matin. 9h30. Réunion d’équipe hebdomadaire. Le manager évoque les derniers problèmes rencontrés et interpelle l’équipe. Vous auriez bien quelque chose à proposer mais vous vous abstenez. Vous préférez vous enfoncer dans votre siège et essayer de vous faire oublier. Discrètement, vous enfilez votre cape d’invisibilité.

Pourquoi ?

Peut-être pour ne pas vous faire remarquer et échapper aux commentaires désobligeants de vos collègues. Ou tout simplement parce vous n’osez plus proposer de solutions différentes. Vous préférez vous auto-censurer pour ne pas dépasser.

80% des travailleurs concernés par le Syndrôme du Grand Coquelicot ?

Ce phénomène porte un nom, c’est le Syndrome du Grand Coquelicot ou Tall Poppy Syndrome en anglais. Le nom de ce syndrome nous vient d’Australie. Il désigne littéralement la pratique qui consiste à couper les coquelicots plus hauts que les autres pour maintenir un champ de hauteur uniforme et assurer une bonne récolte.

Dans le monde du travail, il se manifeste lorsque nous sommes attaqués, critiqués ou dévalorisés parce que nous réussissons. Nous nous faisons alors « couper la tête » pour être ramenés à la « bonne » hauteur en somme.

Une récente enquête canadienne menée auprès de 1500 personnes révèle ainsi que plus de 80% d’entre elles ont été confrontées à de l’hostilité, ont été pénalisées ou ostracisées au travail en raison de leur succès.

Cette situation entraîne pour presque 70% des répondants une baisse de productivité. Les conséquences sont lourdes pour ces travailleurs : diminution de la confiance en ses collègues, désengagement dans son travail, syndrome de l’imposteur menant à l’auto-censure et même recherche d’un nouveau travail.

Dès lors, dans un environnement professionnel valorisant largement l’homogénéité, comment parvenir à faire valoir ses singularités sans risquer de se (faire) couper la tête ?

S’il est évident qu’au niveau managérial, des actions sont nécessaires pour éliminer le Syndrome du Grand Coquelicot et faire grandir les talents collectivement, il est également possible d’agir à titre individuel.

Trouver sa juste place professionnelle

Dans un premier temps, en parler est essentiel pour soi et ses collègues. Selon la même enquête canadienne, 4 personnes sur 10 ont déjà vu un collègue se faire « couper la tête » mais n’ont rien dit. Quand on sait qu’une des conséquences du Syndrome du Grand Coquelicot est une perte de confiance en soi et en ses collègues et qu’il entraine l’émergence d’une culture de la méfiance dans l’équipe, on mesure d’autant plus l’importance d’en parler pour rétablir la confiance.

Ensuite, il va falloir prendre sa juste place professionnelle. Cela passe notamment par la capacité à (re)connaître ses spécificités pour les valoriser sans écraser les autres. Bien souvent, nous n’avons même pas conscience de notre potentiel ! Un regard tiers va nous amener à considérer ce que nous ne savions pas ou ne pouvions pas voir. Il peut s’agir par exemple d’identifier la part de nous qui peut se rendre visible sans se mettre en danger.

Je me souviens d’’un entretien tripartite préalable à un coaching individuel, au cours duquel le DRH avait abordé cette problématique de visibilité. Il avait interpellé son directeur sur son silence lors des réunions, tout en lui précisant que le silence est en effet un mode de communication.

Afin de prendre sa place, avec ses collègues et la direction, ce directeur a compris la nécessité de se rendre  visible. Il avait besoin d’exister au delà de ses silences.

La prise de conscience fut importante. Elle lui permit de reconnaitre ses compétences, de les valoriser et de s’autoriser à s’exprimer, à porter ses idées et ses ambitions, tout en respectant bien sûr ses propres limites.

Faire mieux avec ce que l’on est

On voit bien là toute l’importance du coaching individuel. En effet, être accompagné vers une meilleure connaissance de soi ouvre la possibilité de faire mieux avec ce que l’on est.  Dépasser le Syndrome du Grand Coquelicot c’est décider de cultiver ses propres talents pour les faire grandir. C’est aussi savoir se préserver pour trouver le juste équilibre entre ce que l’on est et ce que l’on donne à voir.

Bonne nouvelle : en plus, en effectuant ce travail, vous incitez vos collègues à faire de même ! Vous pouvez ainsi contribuer à faire émerger une culture de l’hétérogénéité par l’exemplarité.

Et ça c’est sacrément réjouissant 😊

Vous vous sentez concernés ? Vous avez envie d’en parler et d’avancer sur ce sujet ?

Contactez-moi et discutons en !